Les 70 jours de Van Gogh à Auvers (Lucile Carbenay) - Rando J. Leconte - 24 mai 06
Ne supportant plus sa vie oppressante, à l’asile Saint-Pierre-de-Mausole, désireux de retrouver les bleus du nord comme il l’écrit lui-même, Van Gogh presse son frère, Théo, de lui trouver une pension à la campagne près de Paris.
Pissarro conseille à Théo de prendre contact avec le docteur Gachet(voir dans 'En savoir plus' : Le bon dr Gachet).
Ce dernier accepte d’accueillir Vincent à Auvers-sur-Oise et de veiller sur lui. Van Gogh arrive à Auvers, par le train, le 20 mai 1890 et s’installe dans un modeste établissement, l'auberge Saint-Aubin (aujourd’hui Auberge du Cadran), puis, sur les conseils du Dr Gachet, au café Ravoux où la pension est moins chère.
Auberge du Cadran Café Ravoux (vue d'ensemble et détail : photo de Van Gogh)
Le docteur Gachet convie Théo et sa femme à passer le dimanche 8 juin à Auvers, Vincent les attend à la gare ; on déjeune dans le jardin où Vincent présente à son petit homonyme ( son neveu) les poules et les lapins. Le docteur possédait une presse à graver et Van Gogh espérait faire quelques eaux fortes et faire publier des gravures reproduisant ses tableaux et ceux de Gauguin. Gachet réaliserait les gravures et Théo les publierait. Seule une gravure d’un portrait de Gachet vit le jour . L’euphorie du début ne dure pas. Cependant, il n’a jamais travaillé avec autant d’acharnement. En 70 jours il a fait 74 tableaux et 100 dessins.
Vincent, qui se sent seul, demande à son frère de venir passer ses vacances avec lui à Auvers-sur-Oise. Théo refuse, sa femme souhaitant voir sa propre famille ; il part avec les siens à Leyde en Hollande. Vincent pense qu’il est une charge pour sa famille : le petit Vincent tombe malade et Théo qui a des soucis financiers, demande à son frère de devoir être strict avec l’argent.
Profitant des belles journées d'été, il brosse des paysages de la campagne, des champs de blé mûr, des meules, et l'Eglise d'Auvers-sur-Oise, vue du chevet. Ces compositions sont marquées par un retour à la tradition, cependant la touche se fait plus appuyée, tandis que perce un sentiment d'angoisse. La menace se précise avec les Champs de blé aux corbeaux.
C'est dans ce paysage désolé près du château d’Auvers que l'artiste choisit de se donner la mort, le 27 juillet 1890. Ce soir là les Ravoux s’inquiètent : Vincent, d’ordinaire ponctuel, n’est pas à table à l’heure du dîner. On l’a vu rentrer. Dans sa mansarde, étendu sur son lit, il baigne dans son sang.
Le Dr Mazery et le docteur Gachet qui le rejoint, appelés à la hâte, renoncent à extraire la balle du revolver.
Un pensionnaire des Ravoux, Hirschig, peintre et hollandais, porte par le premier train une lettre de Gachet à Théo.
Le 28, à midi Théo est là plein d’espoir, Vincent lui parle et veut fumer ; on le laisse fumer sa pipe mais le 29 juillet au petit matin, Vincent meurt. Le curé d’Auvers refuse l’office des morts à un suicidé, de surcroît non catholique, et on doit chercher un curé plus libéral celui de Méry sur Oise.
Théo Van Gogh devait mourir à son tour le 21 janvier 1891, un peu moins de six mois après son frère aîné. Sa femme Jo, se remariât mais souhaitât que les deux frères se retrouvent. En 1914, les restes de Théo furent ramenées à Auvers et les deux frères reposent côte à côte dans le cimetière d'Auvers-sur-Oise,le lierre qui est sur leurs tombes vient du jardin du docteur Gachet.
Le docteur Gachet avait des peintures des impressionnistes. Au moment de la guerre, le fils du docteur Gachet les a cachées dans les troglodytes pour les soustraire aux allemands … et à l’appétit de Goering. Grâce à cet acte, une partie de la collection du Docteur Gachet se trouve au Musée d’Orsay.
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