La "mineuse" du marronnier (Serge Cochet) - Rando JP Konrat 20 juin 06
Cameraria ohridella
¡ La mineuse du marronnier ¡
Il a été découvert en 1985 sur les bords du lac d’Ohrid, d’où son nom. Ses chenilles minent les feuilles de marronnier provoquant ainsi leur chute précoce.
Biologie
Adulte : petit papillon de 3 à 5 mm de couleur brun ocre, à motifs alaires brillants sous forme de bandes plus claires et ailes postérieures étroites et longuement frangées.
Larve : aplatie de 0,5 à 5 mm, de couleur jaune clair, à segments abdominaux mamelonnés et tête triangulaire. La chrysalide forme un petit fuseau brun de 5 mm de long.
L'hôte préféré de Cameraria ohridella est le marronnier d'Inde, Aesculus hippocastanum, mais d'autres espèces de marronniers et même l'érable sycomore, Acer pseudoplatanus et l’érable plane Acer platanoides peuvent également présenter de faibles attaques.
Au printemps, les adultes sont facilement observables sur les troncs où ils se retrouvent pour l'accouplement après émergence des feuilles restées au sol. Les femelles attirent les mâles en émettant une phéromone, et peu de temps après la fécondation, elles pondent plusieurs dizaines de minuscules œufs lenticulaires blancs à la surface supérieure des feuilles. Les œufs éclosent après un délai variant de 1 à 3 semaines. La larve mineuse, apode dans le premier stade, s'enfonce dès l'éclosion à l'intérieur des feuilles où elle creuse une galerie de 1 à 2 mm de long. Elle devient ensuite une chenille munie de pattes thoraciques et de fausses pattes. Visibles à l'œil nu, les jeunes chenilles dévorent le parenchyme supérieur des feuilles. A la fin du développement larvaire, la nymphose se produit le plus souvent dans un petit cocon blanc à l'intérieur de la mine. La chrysalide perce ensuite la paroi du cocon et l'épiderme de la feuille, permettant ainsi la libération du papillon. A chaque génération un nombre croissant de chrysalides entrent en diapause. L’insecte passe l’hiver à l’état de chrysalide dans les feuilles tombées au sol et émerge au printemps suivant. C. ohridella engendre généralement trois fois par an en France (mai, juillet et septembre).
Les facteurs de mortalité les plus importants sont : la compétition pour se nourrir dans les feuilles au cours de la saison et la mortalité hivernale. Les mortalités liées au parasitisme sont faibles car les parasites de la mineuse du marronnier sont généralistes et n’exercent qu’une faible pression de sélection sur les populations.
Dégâts
Les mines se présentent au début sous la forme d'une tache rousse punctiforme à la surface supérieure des feuilles, puis s'allongent progressivement avec l'âge de la chenille et peuvent alors mesurer plus de 5 cm de long. Selon le degré d'attaque, les mines peuvent fusionner et même recouvrir totalement la surface des feuilles. Les feuilles prennent alors une couleur brune et on observe leur chute prématurée.
La confusion avec un autre ravageur sur marronnier est exclue car aucun autre insecte n'est connu pour provoquer les mêmes symptômes. La seule méprise possible peut se produire avec des taches d'origine mycologique ou physiologique. Guignardia aesculi ou Black-Rot du marronnier est le principal champignon connu pour provoquer des taches sur les feuilles, cependant les mines de C. ohridella sont moins visibles à la face inférieure des feuilles et présentent un certain relief. En cas de doute, il est conseillé d'ouvrir la mine pour observer directement la larve ou la chrysalide.
Répartition
La mineuse du marronnier a été découverte pour la première fois en Macédoine en 1985 et elle a été décrite comme une espèce nouvelle. Elle a ensuite colonisé l'Europe Centrale et Occidentale et elle a été récemment observée en Angleterre (2002), en Espagne (2002) et au Danemark (2003).
En France, elle a été signalée à la frontière allemande en 1998 et, en 2000, la mineuse a été observée avec certitude dans plusieurs régions de l'Est et ponctuellement en région Île de France. Sa répartition dans l'Est montrait clairement une dispersion naturelle depuis les pays voisins. Sa présence dans l'Essonne en 2000 était probablement d'origine anthropique et liée à l'importation de matériel végétal depuis des zones contaminées. Elle a depuis colonisé rapidement la France n’est actuellement absente que de quelques départements du Massif Central, de l’extrême Ouest et du Sud-Ouest.
Lutte
La dispersion importante de l’insecte en France et le développement de fortes populations en deux ou trois ans conduisent à rappeler un certain nombre de précautions et de recommandations bien que la survie des arbres ne semble pas menacée à court terme.
· La méthode la plus efficace et la moins coûteuse qui permette de retarder l’infestation et de diminuer les populations est le ramassage des feuilles. Un ramassage minutieux des feuilles au sol, sous l’arbre ainsi que dans les zones arbustives et buissons à proximité des marronniers, peut conduire à l’élimination de la mineuse sur le site pendant l’hiver. Le ramassage et l’élimination des feuilles peuvent se faire jusqu’au printemps, il est cependant conseillé de le faire le plus tôt possible après la chute afin d’éviter la dispersion des feuilles par le vent. L’élimination des feuilles doit être réalisée de préférence par une société de compostage où le compost monte à une température de plus de 40°C, température qui garantit la mort des insectes hivernants. Elle peut également être réalisée après regroupement des feuilles et incinération, ou recouvrement par une couche suffisante de terre ou d’autres végétaux.
· Le piégeage phéromonal permet de suivre la dynamique de population de l’insecte mais les expérimentations réalisées avec la phéromone sexuelle ont montré qu’elle n’était pas utilisable pour mener une lutte à grande échelle.
· Les ennemis naturels ne se sont pas révélés efficaces jusqu’à présent mais la découverte de l’origine de la mineuse pourrait permettre d’introduire des parasites efficients.
· Un traitement chimique avec un insecticide homologué est possible mais très coûteux. Il est, de plus, très fortement recommandé pour obtenir une efficacité maximale de traiter dès la première génération et d’intervenir dès l’apparition des premiers adultes.
20 octobre 2005 / Serge Cochet / serge@novosoft-online.com
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