Dans le Vexin, de Chars à Us avec J. Leconte - 6 mai 2006

Y aller ou pas : grande question face à une prévision météo faite de pluies et d’orages toute la journée. Oh je sais bien ! un randonneur ne s’arrête pas à ces détails, mais une journée photos sous la pluie … Bref, c’est décidé : parka, parapluie, cape et en avant.
Mais quand ça ne veut pas !
Le train s’arrête (assez) longuement en gare et menace de nous faire rater la correspondance vers Chars (un train toutes les heures ce samedi). Là aussi, c’est décidé, la SNCF n’écoute que son sens du service et retarde le 2^e train pour nous permettre de randonner. Y a plus qu’à.

Arrivé en gare de Chars, en retard bien sûr, pas d'animateur : nous aurait-il lâché ?
Puis, au loin, au bout du quai, une petite bande avance avec force gestes et voilà Jacques Leconte. Bon, cette fois, on y va ! Le ciel est incertain, mais il ne pleut pas.

Briefing du général en chef, casquette verte en arrière : il faut prévoir la pluie. Comme il était programmé une traversée aller-retour d’un terrain plat à découvert pour environ la moitié de la randonnée, il nous propose (c’est très démocratique) plusieurs plans B : une boucle autour de Chars le matin, ensuite en partie à travers bois, direction Santeuil, puis, si tout va bien, direction Us. En chacun de ces points, il est possible de s’abriter, voire d’écourter la randonnée et de prendre le train. Cette fois on est paré, la randonnée peut commencer.

Chars est dans le Vexin français. Comme à son habitude, J. Leconte contribue à notre culture : il nous apprend que Vexin vient du nom d’une tribu gauloise, les véliocasses, de même que les parisis ont donné leur nom à Paris.

Le Vexin français est un grand plateau de riches cultures qui alimentait Paris et Pontoise. A Chars et dans la région que nous allons visiter, coule une petite rivière, la Viosne (27 km) qui se jette dans l’Oise à Pontoise. Elle alimentait jusqu’à 30 moulins ; ils ne servaient pas tous à moudre le grain : certains étaient utilisés par les tanneurs.

    Il existe aussi un Vexin normand, juste à côté (et pourtant on n’est pas en Normandie que je sache). Cette région du Vexin, en effet, a été séparée en deux par le traité de St-Clair-sur-Epte en 911 qui créa le duché de Normandie suite aux invasions des vikings et de leur chef, Rollon. La frontière était l’Epte, avec d’un côté Gisors et de l’autre, Château Gaillard.
Comme il y avait deux anglaises dans notre groupe et que nous leur avions prouvé à l’envie notre ignorance de leur histoire, il m’a semblé juste de faire figurer l’arbre généalogique des premiers ducs normands, rois d’Angleterre, d’autant que notre incompréhension réciproque, objet de discussions animées, s’est ensuite étendue aux deux rois Charles, dont un « a perdu la tête », à la reine Victoria puis jusqu’à Tony Blair et au CPE. Ce geste est donc un minimum dans le cadre de l’Entente cordiale. (photo wikipedia)

Revenons à Chars : son plus bel édifice est son église. Son clocher, de style renaissance, est un peu sur le modèle du clocher de St Maclou dans l’Oise : il s’agit de l’école du Vexin. Cette église n’a rien de francilien, ni de normand : elle se rattache à l’architecture du Beauvaisis.

L’édifice comporte une nef de quatre travées où les bas côtés et le vaisseau central ont été conçus dès l’origines pour être voûtés d’ogives. C’est une église à la fois romane et gothique. Son édification date de 1150 – 1160 pour la partie gothique, la partie romane datant du XIe siècle. Sa construction s’est poursuivie au-delà de cette époque au gré des financements, ce qui explique que certaines parts soient gothiques voire même renaissance comme le clocher (peut-être à l’occasion de travaux de réparation).

                        

                        
Nouveau point culturel de J. Leconte : il nous rappelle que le style roman va du 11^e siècle jusqu’au milieu du 12^e, vers 1140. Après débute le style gothique, ainsi nommé pour caractériser tout ce qui était le fait des barbares, les Goths, avant le retour à la culture et à la civilisation avec la Renaissance. Au 19^e siècle, les archéologues, les architectes ont jugé qu’il y avait un style pré-gothique, qu’ils ont appelé roman (qui venait de Rome).

                                            les alentours de Chars
                    

Au sortir de l’église, il ne pleut pas. Notre petite boucle dans la campagne autour de Chars peut débuter, nous offrant de beaux paysages fleuris. Le repas de midi, toujours au sec, est pris sur un charmant « balcon sur la Viosne ». C’est le moment de faire un point sur les divers surnoms amicaux que donne notre animateur à quelques randonneurs du groupe : la Cicciolina, le golden boy, mamie Loana, Gavroche, Mary Poppins, André (Bourvil), Elsa (Triolet), le technocrate des sentiers … Chacun se reconnaîtra. On reprend la marche, la campagne est belle. 

     Jacynthes sauvages en sous-bois             Romesnil
                        

On poursuit notre périple vers le château de St Cyr sous Chars, remarquable par les deux licornes en haut de son portail. C’est un château classique, fin Louis XIII. Il a appartenu dès la moitié du 17^e siècle jusqu’au 20^e siècle à la famille des St Soupplet (armoiries avec deux S). L’un des marquis de St Soupplet a participé à la défense des Tuileries le 10 août 1792 (en fait, à l’attaque des sans-culotte pour évacuer la famille royale) et en février 1793, il a été guillotiné, avec son fils pour faire bonne mesure.
     Château de St Cyr        gros plan sur les licornes   Chemin vers Brignancourt
              

A Brignancourt, un nouveau point tactique est fait : s’il pleut à Santeuil, on prendra le train ; sinon, on ira jusqu’à Us. Et la profession de foi de notre animateur est clairement explicitée : que-du-plai-sir ! la rando commando sous la cape toute la journée, harnachés comme des bêtes, c’est fini ! On acquiesce, démocratiquement.

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On arrive assez vite à Santeuil pour admirer son église romane, l’église St Pierre et St Paul.
Son clocher carré comporte des baies gemellées (ou jumelées), et une rosace polylobée. C’est le plus beau clocher roman de la région.
Le portail est de style roman en plein cintre. La nef est, quant à elle, gothique.
On passe ensuite au-dessus de la Viosne pour nous diriger vers Us

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Eglise St Pierre St Paul de Santeuil                 La Viosne
                        

Sur la gauche de la route, on aperçoit le château (privé) de Dampont, de style néo-renaissance.
Il comporte un très beau parc avec des « fabriques », c.a.d. des fausses ruines, etc. Au 19^e siècle, il a appartenu au comte de Kersaint qui l’a fait reconstruire pour sa femme. Ensuite il a appartenu à Felix Potin.

Le ciel est menaçant, le vent se lève un peu, mais nous atteignons la gare au sec. La pluie viendra plus tard, mais elle ne douchera pas notre bonne humeur après cette journée où, finalement, on s’est bien amusé en marchant et en se cultivant.